COMMENT S'ORGANISER POUR LA RECHERCHE ?

Pour trouver un sujet de recherche, il y a lieu de regarder vers où se dirige notre intérêt. Nous avons beau être attiré par le désir de comprendre tous les phénomènes qui se déroulent dans la vie, ce n’est jamais avec la même force d’intérêt. Il y a bien des éléments, des faits que nous aimerions comprendre plus que d’autres, mieux que d’autres. C’est dans cette optique qu’il faudrait rechercher. C’est dans ce sens qu’il faudrait interroger son intuition.

1. Identifier un sujet ?

Afin de bien saisir ce sur quoi on travaille, il faudrait avoir une idée de ce qui nous motive. Est-ce que nous avons vraiment compris ce que nous aimerions saisir ? Quel est cet objet, ce fait, ce phénomène qui m’intéresse ? Qu’aimerais-je comprendre en lui ? C’est à partir de là que l’idée du sujet commence à se préciser.

La recherche obéit aussi (et surtout) à un intérêt social, quels buts sociaux de recherche se fixe-t-on ? Quelles sont le retombées attendues ? La grande question de départ (la problématique), à laquelle doit répondre le travail, est ainsi motivée par les conséquences de ce que ramènerait la réponse à la science (amélioration de nos connaissances, de notre savoir …), et aux progrès sociaux (et autres) qui en découleraient.

1. a. Formuler une question

Dans un travail de recherche, il faut passer le temps nécessaire pour bien articuler la question de départ. Celle-ci pourrait conduire à une recherche d'information(s), à poser un jugement de valeur ou encore à une recherche d'explication(s).

Quand il s’agit d’une recherche d’information(s), généralement, c’est la réponse aux questions : où ; qui, quoi, quand, comment qui est attendue. Il s’agit là d’une simple demande d’information.

Quand laquestionposée conduit à exprimer un jugement de valeur(chose qui est bien sûr à éviter dans le cadre de la recherche), on cherche à juger plutôt qu'à s'informer ou à expliquer. Donc cette question est à éliminer. Exemple de question :"Le parler kabyle est-il plus beau que le parler arabe ? A moins d’analyser les représentations des locuteurs, pour savoir l’opinion de ceux-ci à l’égard de ces langues, le jugement n’intéresse en rien le linguiste. Une question pertinente aurait été : "Le parler kabyle aurait des points de ressemblances avec le parler arabe?" Cette question demande une explication et non un jugement de valeur.

En troisième lieu, la question posée peut conduire à une recherche d'explication(s).A vrai dire, ici il s’agit de réponse aux pourquoi et au comment d’un fait. Exemple:"Pourquoi la politique linguistique algérienne a été favorable au monolinguisme ?" … "Comment la politique linguistique algérienne justifie-t-elle (argumente-t-elle) en faveur du monolinguisme ?" ….

2. La revue de la littérature

Après avoir délimité le sujet que l’on voudrait traiter, l’étape venant après consiste à bien se documenter à propos de la question. Qu’est-ce qui a été déjà écrit concernant ce fait ? Où en sont les recherches ? …

Dans la lecture des documents, il faudrait d’abord savoir y repérerles idées principales et les idées secondaires qui les appuient. Il est nécessaire aussi d’identifier les passages importants et les numéros de pages correspondants.

Dans notre lecture des documents, nous devons aussi être attentifs aux particules de transition. Ce sont des mots, des expressions quiajoutentuneidée (à en outre, de plus ...), qui marquentunerestriction (àmais, cependant, par ailleurs, ...), qui motivent un jugement (àattendu, considérant, ...), qui annoncent un exemple (àainsi, tel, ...) etc. Il faudrait maitriser ce type de lexique et de tournures car c’est cela qui facilitera l’étape de la rédaction en permettant une meilleure fluidité dans les transitions (idées / paragraphes / parties …)

Il y a lieu aussi de résumer dans ses propres mots les idées essentielles, les chapitres importants ou les thèses soulevées dans ces documents, tout en faisant des liens avec ses autres lectures. Il est aussi intéressant de parler de sa lecture avec d'autres personnes.

3. Savoir problématiser

Comment transformer un énoncé neutre en problématique ?

L’énoncé de la problématique doit prendre une forme interrogative. C’est de la sorte que le problème transparait dans ce qu’il appelle à résoudre en lui. Une phrase neutre ne nous dit pas ce qu’elle veut résoudre comme situation. Madeleine Grawitzdéfinit la problématique en affirmant que c’est un « Un ensemble de problèmes qui orientent la recherche et un corps de concepts qui directement ou indirectement débouchent sur des hypothèses rendant compte d’un contenu riche de conflits »

Un problème de recherche, c'est « ce que l'on ne sait pas » et « que l'on cherche donc à savoir ». Il y a quatre éléments auxquels doit répondre toute formulation d’un problème :

1. Relever une faille ou une lacune dans les connaissances actuelles

c’est «ce qu’on ne sait pas»

Cette lacune doit être logiquement reliée aux connaissances du thème, à «Ce que l’on sait», donc aux paragraphes précédents

2. Montrer en quoi il est pertinent de résoudre ce problème.

Quelle(s) raison(s) avons-nous de croire que X est bel et bien la cause de Y ? Quel(s) sont les argument(s) qui permettent d'affirmer qu'il y a bel et bien une relation entre ces deux phénomènes (X et Y)

C'est donc «ce qu'on ne sait pas mais qui mérite d'être su ou mieux connu ».

3. Transformer ce problème en une question de recherche, ou «ce que l'on veut savoir ».

4.Justifier la recherche d'une réponse. Montrer l'utilité de résoudre ce problème

À quoi servira la recherche ? Que va-t-elle nous permettre de mieux comprendre ? Pourquoi veut-on savoir cela ?

Deux éléments du sujet sont importants au point de pouvoir les saisir comme mots clés.La problématique cherche un lien entre ces mots clés. Le lien formulé peut être une explication (ceci explique cela), une transformation (ceci entraîne cela), une comparaison (ceci est plus que cela)….Le texte de la problématique doit être rédigé dans un style scientifique.

4. Comment formuler une hypothèse ?

L’hypothèse peut être envisagée comme une réponse anticipée à une question spécifique de recherche. « L’hypothèse peut être un énoncé déclaratif précisant la relation anticipée et plausible entre des phénomènes observés ou imaginés. ».

• L’hypothèse établit une relation à vérifier en comparant des faits, des événements, des concepts…
• Sa formulation doit être plus précise que celle de votre question de recherche.
• Elle doit être plausible, vérifiable, précise et communicable.

4. a. Qualités d'une bonne hypothèse de recherche

Une hypothèse est toujours formulée à la forme affirmative (et non interrogative). Elle doit préciser, en outre, le type de relation entre les variables qu’elle renferme (corrélation, causalité, Directionnalité,). Elle doit aussi être formulée d’une manière brève, directe et opérationnelle.

Une qualité que doit aussi renfermer l’hypothèse c’est sa réfutabilité et sa testabilité. De même, elle doit en avec le corpus théorique sur lequel elle se base. L’hypothèse établit une relation à vérifier en comparant des faits, des événements, des concepts…Elle doit être plausible, vérifiable, précise et communicable.

En somme, l’hypothèse est toujours une affirmation. C’est un projet de réponse à la problématique. Elle précise les termes de la problématique et devient le cœur du travail. Tout le développement ou toute la réalisation du projet sert à la prouver.

L’hypothèse comporte deux mots clés issus de la problématique. Au moins un des mots clés des hypothèses est plus précis que ceux de la problématique.

L’hypothèse établit un lien entre ces deux mots clés.

5. Le plan provisoire

Il est conseillé d’élaborer, dès les débuts du travail, un plan provisoire. Il s’agit d’un plan qui nous permet de suivre nos lectures d’une manière méthodique pour en tirer davantage profit. Il sera donc suivi pour se documenter sur le sujet (à ne pas confondre avec le plan de rédaction du rapport de cette recherche). On y précise chacun des aspects principaux et des aspects secondaires sur lesquels il faudra rechercher des informations. Le plan provisoire identifie toutes les idées principales du sujet.Chacune des idées principales doit être soutenue par plusieurs idées secondaires (faits, preuves, témoignages, exemples).